Le district Chabanel a été créé pendant les années 70, sur des terrains situés, à l’époque, légèrement en dehors de la ville. Montréal était alors connue pour sa vitalité dans le domaine du textile et du vêtement et le district permettrait de regrouper, le long d’une artère d’un peu plus d’un kilomètre, les principaux manufacturiers du secteur textile. Ceux-ci étaient logés dans des bâtiments massifs, aux façades de béton répétitives, érigés de part et d’autre de la rue Chabanel dans l’absence presque totale de réglementation. Étrangement, ces symboles d’un capitalisme débridé ressemblent à s’y méprendre aux pires bâtiments de l’époque soviétique.
Le mandat a été exécuté en deux temps. On a tout d’abord effectué une étude préliminaire de l’ensemble du district en vue de sa revitalisation à long terme; lors de la seconde étape, plus concrète, les efforts ont été concentrés sur le design et l’aménagement de la rue Chabanel.
L’étude préliminaire a permis de dégager une vision d’ensemble qui intégrait un certain nombre de principes urbains, ignorés lors de la construction initiale. Après analyse détaillée de paramètres tels trame existante, lignes de propriété, édifices à préserver ou à démolir, terrains à construire, espaces verts, places de stationnement disponibles, transport en commun, camionnage et potentiel immobilier, on a pu tracer les grandes lignes d’un projet faisant du district Chabanel un nouveau quartier à vocation mixte.
Pour réintroduire des éléments à échelle humaine dans ce paysage inhospitalier et démesuré, on s’est inspiré de l’artiste américain Claus Oldenburg. Les pictogrammes, normalement utilisés pour préciser les voies réservées aux cyclistes, piétons, voitures ou camions, ont été magnifiés et inscrits sur les nouveaux trottoirs élargis et sur la rue, fraichement pavée. Ces symboles géants, dont la fonction est avant tout sécuritaire, contrastent avec la grisaille environnante et transforment les lieux, grâce à l’utilisation des trois couleurs primaires, chères aux artistes du Pop Art.
Le projet de revitalisation du district prévoyait également l’introduction de mobilier et d’éclairage urbain distinctifs ainsi que la plantation d’une soixantaine d’arbres. La mise en place d’un dispositif de récupération et d’assainissement naturel des eaux de pluie fait partie intégrante de notre proposition.